Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal électronique du LPO Jean-Moulin
4 mai 2010

Pour une vision au-delà des apparences

Vendredi 12 mars, notre classe s’est rendue au CDI  pour voir les œuvres d’art prêtées par le FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain) à notre établissement. Je vais tâcher de rendre compte de l’œuvre à laquelle je me suis intéressée.
Il s’agit d’une photographie de Matthieu Abonnenc qui s’intitule «De mains inconnues...»

La photographie date à peu près des années 1930 mais Matthieu Abonnenc l’a retouchée assez récemment. Elle est vielle, en noir et blanc, un peu jaunie et de grand format. Le sujet en est une foule autour d’un feu qu’on pense tout d’abord anodin. Le premier plan est occupé par ce feu dans une rue, et au second plan nous voyons une assemblée de personnes souriantes. (Tous sont des hommes blancs). Apparemment c’est la nuit, tout ce beau monde est éclairé par le feu «de joie» organisé par leur soin. On n’observe pas vraiment de lignes bien distinctes à part peut-être les verticales dessinées par les corps à l’intérieur de la foule et les transversales des planches de bois alimentant le feu. La prise de vue est face à la foule. Au premier abord on voit une photo ancienne, un hommage au passé, la «belle époque» comme le disent nos anciens puisque la foule est souriante et chacun pose comme pour une photo de famille autour de ce feu qui brûle en pleine rue. On a une impression positive.

Mais qu’est-ce qui réunit ces gens ? Pourquoi ce feu en pleine rue ? Pour le savoir, il faut connaître, et replacer cette photo dans son contexte.
Nous sommes ici en Amérique dans les années 30, au sein d’un Etat imprégné de racisme, sans loi qui s’y oppose franchement. Ensuite, rappelons-nous que cette photo a été retouchée pour autre chose que l’agrandissement. Une piste? Un indice: qu’est-ce qu’on pourrait bien faire brûler dans ce feu? Des livres? Non, horreur! C’est bel et bien un homme de couleur en train de brûler vif que l’artiste a effacé de la photo.
Lorsque cette nouvelle information vient en relation avec notre cœur et nos yeux, le point de vue change et l’impression est péjorative: ce ne sont plus des gens souriants rassemblés autour d’un bon feu de joie en pleine rue mais des assassins contents et fiers de leur méfait, regardant ce pauvre homme noir périr dans les flammes de son enfer. Impunis et ignobles, alors que la barbarie se double d’indifférence. On a pitié pour cet homme et on est stupéfait par les apparences.
C’est une bonne démonstration de psychologie que nous offre ici Matthieu Abonnenc, et un message que l’on entend souvent mais qui prend tout son sens ici: «Il ne faut pas se fier aux apparences».

Personnellement, je recommanderai cette œuvre car je la trouve instructive et bouleversante. C’est très surprenant de voir à quel point une image peut autant changer dans notre esprit. La démarche de l’artiste consiste à faire disparaître un élément pour mieux le faire apparaître. On en vient à suspecter tout notre environnement: tout a une histoire autour de nous et si elle nous était entièrement dévoilée, notre vision du monde serait bien différente. Après tout, ne vivons-nous pas tous sous et autour des apparences?


Ambre-Océane Schuchter, élève de 1ère S1

N.B. pour voir l'oeuvre: lien avec la galerie de l'artiste

Publicité
Publicité
Commentaires
Journal électronique du LPO Jean-Moulin
  • Parution bimensuelle. Création : septembre 2009. Comité de rédaction le mardi, de 13h à 14h, au CDI. Envoyez vos articles à : moulinonline@gmail.com / Sur facebook : https://www.facebook.com/MoulinOnLineJournalDeLaCite?ref=hl
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Journal électronique du LPO Jean-Moulin
Archives
Publicité