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Journal électronique du LPO Jean-Moulin
22 mars 2022

Résidence de création de la Cie Les Nuits claires, créée par Aurélie Namur à Jean-Moulin : rencontres d’élèves et d’artistes

Une résidence d’artiste. Trois semaines très denses de rencontres avec plus de cent élèves. Un travail de création ininterrompue, avant une sortie de Résidence qui aura lieu le vendredi 15 avril 2022 à La Cigalière de Sérignan, scène partenaire de ce projet soutenu par La région Occitanie et la DRAC.

Aurélie Namur – fondatrice de la Cie Les Nuits Claires - a fait le choix de venir à Jean-Moulin mettre en chantier une nouvelle création (horizon : 2024). Genèse : un « mégafeu » de forêt où se débattent des kangourous ; c’est l’image de trop ; Sara, 16 ans, sort de l’enfance. Blessée. Désormais, elle « voit tout » de ce que nous faisons subir à la terre et à ses vivants. Encore vissée à son portable, prise au piège de nos conforts, de nos habitudes et de nos aveuglements, elle hurle sa colère face à sa mère. Sa mère, elle, veut bien se renseigner sur les terres rares, les poussins qu’on écrase à la chaîne pour fabriquer des nuggets, le sort des saumons sauvages, mais elle ne sait plus qui est sa fille, comment lui parler, comment l’aider à regarder le monde. Sara est-elle une Cassandre 2.0 ? Celle qui dit la vérité mais qu’on ne veut pas entendre? Aurélie Namur nous a fait le cadeau de ses premières trames, de son écriture exigeante et incisive, de sa perception nue et sans concession de nos impuissances à agir et de l’espoir chevillé au corps qu’il faut faire quelque chose.

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Résumer une résidence, c’est peine perdue. Il y a tout ce qui se dit, tout ce qui se vit sur l’instant, dans la rencontre avec des artistes. Ce sont les élèves qui écrivent, qui débattent, dont on entend la voix, que l’on découvre dans l’improvisation, dans le travail de plateau, avec leurs corps, leurs regards, leurs énergies. C’est la fille qui reste assise parce que parler, c’est trop difficile, mais qui voit tout, qui ressent tout. Le garçon habituellement calé au fond de la classe qui se met à parler devant tous, propose et ne s’arrête plus. L’entente incroyable d’un groupe qui se découvre en improvisation. Le silence buté de ceux ou celles qui n’en pensent pas moins mais n’ont pas la tête à ça ou sont trop fatigués. Les élèves sont de jeunes personnes qui nous heurtent par leur franchise, par leur humour, par leurs critiques, par leur violence, par leur gaieté. Ils nous ont surpris, nous, adultes, par leurs visions des choses. Ils n’étaient pas forcément là où on les attendait. Ils nous ont ouverts les yeux sur leurs réalités, leurs propres urgences. Ce ne sont pas forcément les nôtres. Mais nous avons eu l’impression de les rencontrer, à un moment donné. Nous avons beaucoup appris les uns des autres. Nous avons beaucoup réfléchi à notre manière de considérer notre terre et ses vivants. Une résidence, c’est l’instant, mais aussi ce qui va continuer à résonner en nous, ensuite. Cette matière vivante, pleine de bêtises, de colères, et d’aveux détournés - griffonnés sur une page, balancés sur le plateau entre deux grosses blagues – cette matière pleine d’espoir, pleine de vie, nous l’avons à notre tour donnée à Aurélie Namur, aux comédiens - Adélaïde Héliot, Nicolas Pichot, Eliot Benoist – au musicien Sergio Perrera, au scénographe Daniel Fayet.

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Prochaine étape : vers la sortie de Résidence, du lundi 11 au vendredi 15 avril 2022.

Quelques phrases d’élèves saisies au vol, lors des ateliers d’écriture, ou en travail de plateau :

« Je vois tout, maman, je vois tout.

Je vois tous ces gens heureux autour de cette table, riant, alors qu’au même moment d’autres êtres vivants souffrent. Je les vois s’empiffrer alors qu’ailleurs on crève de faim, je les vois se réchauffer près du feu alors que d’autres dormiront dehors ce soir. Je les vois s’offrir leurs petits cadeaux qui puent la pollution, sur fond de terres rares et d’enfants qui meurent en les fabriquant. Il en a marre le Père Noël, de passer par la cheminée pour déposer des cadeaux fabriqués par des petits chinois qui travaillent à la chaîne. Je les vois et je continue à les voir car eux sont aveugles, portent des œillères et pleurent quand on essaye de les leur enlever.

Je vois tout, maman. Je vois les chalutiers qui utilisent leurs filets électriques pour pêcher des poissons dont on n’a pas besoin. La baleine noyée roulée sous une vague de pétrole et qu’on retrouve farcie de déchets plastiques jusqu’à la gueule. Les veaux battus. La dinde de Noël sur la table décorée, plumée rôtie dodue qu’on a écorchée vive.

Je vois tout, maman. »

Pour voir d'autres photos :

03-2022 : Résidence d'artiste les Nuits claires

03-2022 : Résidence d'artiste les Nuits claires : Toutes les photos 03-2022 : Résidence d'artiste les Nuits claires - Journal électronique du LPO...

http://journaldelacite.canalblog.com

Françoise Lubac-Quittet,
Référent culture du LPO,
coordonnatrice de la résidence

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