La chronique Voir et ReVoir : Les yeux sans visage

12 janvier 2021

Les yeux sans visage de Georges Franju (France, 1960, 1h30)

Synopsis : Genessier, un chirurgien renommé, tente de remodeler le visage de Christiane, sa fille horriblement défigurée suite à un accident de voiture. Oublieux de toute déontologie, il effectue des greffes de peau prélevée sur des jeunes filles qu’il traque pour leur carnation, à l’aide de son assistante. Avec Edith Scob, Pierre Brasseur, Alida Valli.

Voir et ReVoir :
   Les yeux sans visage, réalisé en 1960 par Georges Franju est un film dont les images résonnent étrangement dans notre présent masqué, car le masque dans le film est un objet omniprésent.
   Le masque de Christine, d’abord, interprétée par Édith Scob, dont le visage masqué à la fois doux et effrayant irrigue de beauté tout le film, accompagné par la musique de Maurice Jarre.
   Le masque de chirurgien de son père, interprété par Pierre Brasseur qui donne, en gros plans fixes la brutalité concentrée des actes chirurgicaux du film.
   Le masque, enfin, d’Alida Valli qui souligne la beauté de son regard et la force de ses sentiments alors qu’elle assiste le chirurgien fou.
   Film de genre mais aussi et surtout film d’auteur, le film évoque l’amour fou, la relation père / fille, et dit aussi jusqu’où l’ambition personnelle peut mener, celle d’un père chirurgien prêt à toutes les transgressions. Franju est un cinéaste passionnant, subtil, difficile à classer comme l’attestent ses films et ses rares entretiens.

Le film a fortement marqué de nombreux cinéastes et d’artistes. Le masque blanc du film revient par exemple dans Halloween de Carpenter en 1978, La piel que habito de Pedro Almodovar en 2011 et Edith Scob, actrice fétiche de Franju, porte à nouveau son masque blanc pourla dernière image du Holly Motors de Leos Carax : bel hommage avec un beau clin d’œil explicite.
Tout autre chose… Billy Idol, star péroxydée des années 80, a lui aussi rendu hommage au film de Franju : sa chanson, Eyes without a face, traduction littérale du titre, dit, en 1984, toute l’admiration du chanteur pour le film.